Interview au père Mauro Battaglino

En septembre 2012, Frère Mauro est arrivé dans notre paroisse pour compléter le groupe formé par les Frères Sergio, Antonio, Antoine et Giorgio. Qu’il nous soit permis de lui souhaiter la bienvenue et de lui dire combien nous sommes heureux de l’accueillir dans la belle et dynamique paroisse que ses « aînés » ont déjà contribué depuis quelques années à faire vivre.

Afin que les paroissiens le connaissent mieux, Frère Mauro a bien voulu répondre à nos questions: nous l’en remercions.

Frère Mauro, vous avez un nom qui est peu familier pour les Français. Est-ce un diminutif de Maurizio?

Pas du tout. Mauro est le nom d’un abbé qui aurait été disciple de St Benoît de Nursie au VIème siècle. C’est peut-être le Saint Maur des Français. On le fête le 15 janvier.*

Etes-vous prêtre?

Oui, j’ai été ordonné prêtre avec deux autres diacres le 23 juin 2012 en la Basilique Sainte Marie des Anges par l’évêque d’Assise, Mgr Domenico Sorrentino.

D’où êtes-vous originaire en Italie?

Comme le Frère Sergio et le Frère Giorgio, je viens du Piémont. Je suis né près d’Alba, à Vezza d’Alba précisément, un petit village de 2000 habitants.

Etes-vous ce qu’on appelle « une vocation tardive »?

Oui et non. C’est vrai que je suis devenu prêtre à 42 ans. Mais si l’on considère la durée du questionnement personnel, la longueur des études qui mènent à l’ordination, les nombreuses étapes à franchir, le cheminement qui m’a conduit à être ce que je suis aujourd’hui a commencé il y a déjà longtemps.

Avez-vous exercé un métier auparavant?

Dès l’âge de vingt ans, j’ai monté ma propre petite entreprise. J’ai eu plusieurs magasins et plusieurs employés. Les affaires marchaient plutôt bien…(Petit sourire modeste).

Alors que s’est-il passé pour que vous quittiez tout pour suivre Jésus, ce que n’a pas fait le jeune homme de l’Evangile (Matthieu, 19,16-22)?

Il s’est produit un événement tragique: en 1995, j’ai perdu un ami d’enfance que j’aimais beaucoup. A partir de là, j’ai commencé à me poser des questions. Ce qui revenait d’abord, c’était: « Pourquoi? » C’est-à-dire, pourquoi est-il parti, lui? Et  puis, petit à petit, cette question est devenue: « Pourquoi suis-je là, moi? » Si moi j’étais encore là, quel était donc le dessein de Dieu sur moi? Qu’est-ce que j’étais appelé à faire dans ce monde?

Quelqu’un vous a-t-il écouté, soutenu, pour trouver la bonne réponse?

J’ai rencontré le curé de ma paroisse, qui m’a conseillé d’aller à Assise parce qu’il savait qu’il y avait là une équipe qui aidait les gens comme moi à y voir clair dans leur vocation. Mais je n’ai pas voulu y aller…tout de suite. J’ai préféré rejoindre une institution caritative, très connue à Turin, le Cottolengo. La Petite Maison de la Divine Providence, comme on l’appelle aussi, a été fondée dans cette ville par le Saint Vincent de Paul italien, Saint Giuseppe Benedetto Cottolengo (1786-1842). Et c’est au Cottolengo que, au fil du temps, j’ai compris que ce que je cherchais c’était une fraternité religieuse. Cela n’a donc pas été du temps perdu.

 

Je suppose qu’à partir de là, les choses sont allées plus vite.

Si l’on veut. Je suis enfin allé à Assise où j’ai fait une année de cheminement de septembre 2000 à mai 2001. En octobre 2001, j’ai commencé le postulat et l’année suivante j’ai revêtu la bure. En août 2003, j’ai fait ma première profession et mon bonheur a été total dès ce moment-là. J’ai su que j’étais en train de réaliser ce que Dieu voulait de moi. Ma profession solennelle a suivi en septembre 2009, je suis devenu diacre en septembre 2011 et cette année, comme je vous l’ai dit, prêtre. Ma joie en est si grande que j’en oublie toutes les années d’études de théologie!

 

Parlez-nous de cette joie…

C’est peu de dire que j’ai attendu le jour de mon ordination avec impatience. Je savais que je devais abandonner ma vie antérieure, parce que le Christ allait me donner quelque chose de plus beau encore: sa grâce. Le Seigneur m’a fait savoir ce qu’il voulait de moi: devenir un instrument de Dieu partout où il m’enverrait…même en France! Je disais depuis longtemps déjà cette prière: « Donne-moi de savoir, Seigneur, ce que tu veux que je fasse pour toi. » Et il m’a exaucé.

 

Question délicate: votre propre famille l’a-t-elle compris?

Mes parents sont catholiques, mais mon choix de vie n’a pas été facile à admettre d’abord. Eux aussi ont dû cheminer et le jour de mon ordination a été aussi pour eux, je le sais, un grand bonheur.

 

Vous parlez déjà bien le français, que vous travaillez d’ailleurs avec Marielle Isaia actuellement. Cependant vous semblez très préoccupé par la nécessité de savoir bien vous exprimer dans notre langue.

C’est une véritable obsession pour moi…

 

Parce que vous êtes bavard?

Non, parce que je suis gêné pour dire la messe, pour faire une homélie. Parce que je voudrais davantage aider les frères. En ce moment, il n’y a guère que le Frère Antoine que je puisse soulager pour les confessions.

 

Quelle est  votre première impression de notre paroisse?

Elle rassemble des « partenaires » très différents. J’ai d’ailleurs un faible, comme beaucoup, pour Falicon, qui me rappelle mon petit village où tout le monde se connaît. Plus sérieusement, je suis étonné de voir la grande part que prennent de nombreux paroissiens à toutes sortes d’activités, qui seraient peut-être du seul ressort du prêtre en Italie. Notre Dame des Anges semble contente de vivre au service de Dieu jour après jour. Pour moi, cela est extrêmement important parce que c’est la foi vécue au quotidien qui fait de nous des chrétiens.

 

 

Propos recueillis par Françoise Lapraz

 

 

*Paroissiens, retenez cette date, elle approche à grands pas.

 

Un commentaireto Interview au père Mauro Battaglino

  1. Paroissien ST dit :

    Bienvenue au père Mauro. Il parle très bien français, et sa maman fait d’excellents gâteaux.