Les panneaux de Louis et Antoine Bréa

Les panneaux de Louis et Antoine Bréa

Une Pietà (1475) et une Crucifixion (1512) de Louis Bréa, artiste niçois, chef de file d’une famille de peintres (fin XVe – début XVIe siècle) et la Descente de Croix attribuée à son frère Antoine sont trois œuvres admirables (maintenant partiellement en restauration). Transférées à Cimiez après la destruction du couvent que les Franciscains possédaient aux lisières de la Vieille Ville de Nice, elles furent placées sur leurs nouveaux autels au prix de réajustements.

 

La Pietà : le fond d’or,  symbole de la perfection unit les trois panneaux représentant la Vierge accueillant sur ses genoux le corps de Jésus crucifié, de part et d’autre, saint Martin partageant son manteau avec un pauvre, sainte Catherine d’Alexandrie  portant la roue et l’épée, attributs de son supplice. La richesse de leurs vêtements contraste avec les couleurs de deuil de la Vierge, elle signifie que Martin et Catherine sont les fruits éclatants de l’Amour de Dieu. Ils ont choisi le Christ, la source de leur lumière vient du panneau central.

 

 

 

La Crucifixion : les images de la prédelle retracent le récit de la Passion. La capture au jardin des oliviers, la flagellation, le couronnement d’épines, la montée au calvaire entourent un Christ de Pitié qui invite à lever le regard vers le Christ aux bras ouverts sur un horizon qui s’éclaire, promesse du matin de Pâque. Dans cette scène le peintre intègre l’humanité toute entière, de tous les temps : en haut, dans les angles, David et Isaïe, les deux grands prophètes dont les phylactères portent les paroles annonciatrices des tourments et du sacrifice de Jésus ; debout à gauche, saint François d’Assise les mains et les pieds blessés par les stigmates ; debout à droite, saint Jérôme et son galet, attribut de sa pénitence ; au pied de la croix, les Saintes Femmes, l’apôtre Jean, la Vierge et Marie-Madeleine. Ici, les lieux et les temps s’entrecroisent pour assembler autour du Christ seize siècles d’attente et de foi, mais aussi d’incompréhension et de refus symbolisés par la présence des deux hommes vêtus de costumes modernes, les bras croisés, le regard détourné ou dédaigneux. Cette œuvre est inscrite dans un décor Renaissance. Sur les deux bandes, de bas en haut et de droite à gauche : sainte Hélène, sainte Catherine d’Alexandrie et saint Louis de Toulouse, franciscain ; saint Honorat, saint Antoine de Padoue et un saint franciscain.

Retable en restauration.

 

La Déposition de croix : les images de la prédelle retracent les heures qui suivirent la Passion. Le corps du Christ est porté au tombeau, les soldats en scellent l’entrée, l’ange roule la pierre, le tombeau est vide et le christ ressuscité apparaît à Marie-Madeleine. Dans la scène de la déposition le peintre multiplie les témoins susceptibles d’affirmer que la mort a bien fait son œuvre et donc, qu’on ne peut que croire en la vérité de la résurrection. La Vierge Marie, les Saintes Femmes, Marie-Madeleine, Jean, côtoient deux personnages en costumes de l’Occident du XVIe siècle. L’un pleure, l’autre détourne le regard, ils représentent la nature humaine, celle qui doute, celle qui reste fermée. Ils ne comprennent pas l’évènement tracé sur la médiane verticale du polyptique : le sépulcre libéré de la lourde pierre, l’arbre plein de sève, le Christ debout sur le tombeau triomphant de la mort.




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